lundi 30 janvier 2012

VERS UNE HAUSSE DES PRIX À LA RÉUNION ?


Englué dans son désastreux bilan social et économique, Nicolas Sarkozy n’a proposé, hier soir aux Français qui subissent la crise, qu’un peu plus d’austérité à travers notamment une augmentation de la TVA de 1,6 point au prétexte de vouloir « alléger » le coût du travail. Obnubilé par la compétitivité de l’Allemagne, le Président de la République compare ce qui n’est pas comparable : le salaire annuel brut annuel moyen des salariés allemands est supérieur de 34 % à celui salariés français, quant au coût du travail, il y a peu de différence entre les deux pays, l'institut de conjoncture COE-Rexecode évalue pour 2010, le coût horaire de la main d'œuvre à 34,6 euros en France et à 33,5 en Allemagne.
Cette instauration d’une TVA sociale qui ne dit pas son nom, n’est pas à la hauteur des enjeux et n’aura pas d’impact réel sur l’emploi, ni en métropole, ni à La Réunion où elle existe déjà et n’a jamais fait la preuve de son efficacité.
En revanche, dans notre département, elle devrait se traduire par une baisse du pouvoir d’achat. En effet, l’argument présidentiel selon lequel cette augmentation de TVA ne provoquera pas de hausse des prix dans un monde économique très concurrentiel n’est pas faux mais le marché réunionnais, à la différence du marché métropolitain ou européen, n’est pas, ou très peu, concurrentiel, il est au contraire monopolisé par quelques grands groupes qui contrôlent notamment le secteur de l’import.


Site Autorité de la concurrence (juin 2009) Structure du prix TTC du litre de super (en euros)
Ce qui fait que cette augmentation de 1,6 point de la TVA, si elle s’applique aussi à La Réunion, se répercutera quasi mécaniquement sur les prix et à plusieurs niveaux : fret, logistique et vente au détail. Quand la TVA baisse, le consommateur n’en voit jamais les bénéfices, quand elle monte, il en voit aussitôt les effets négatifs sur son pouvoir d’achat.
En résumé, alors que la bataille de l’emploi est capitale dans l’outremer comme en métropole, le Chef de l’Etat, apparemment désabusé, ne propose que de vieilles recettes inefficaces et pénalisantes pour le pouvoir d’achat.

samedi 14 janvier 2012

TRIPLE A ET IDÉOLOGIE LIBÉRALE

Le discours libéral ambiant consiste à dire et répéter que les Français ne travaillent pas assez et que le coût du travail (du fait d'une protection sociale élevée) est une entrave à la croissance économique. L'agitation du gouvernement autour de la TVA sociale est là pour le confirmer si besoin en était puisqu'il s'agirait de baisser les cotisations patronales en les transférant sur la TVA qui augmenterait ainsi de plusieurs points, les consommateurs payant à la place des employeurs.
L'épisode de la dégradation de la note de la France par Standard and Poor's a au moins un mérite, elle permet de constater qu'outre l'Allemagne, les pays européens titulaires du triple A, sont la Suède, le Danemark, la Finlande, les Pays Bas et la Norvège.
Bref, ce sont des pays où le temps de travail est inférieur (voir ici) au temps de travail des autres pays européens en général et à celui de la France en particulier mais où, aussi, les salaires sont plus élevés et la protection sociale plus forte qu'en France.

LA PERTE DU TRIPLE A PLOMBE AUSSI LA NOUVELLE ROUTE DU LITTORAL


L’Agence Standard and Poor’ s vient donc de rétrograder la France en la notant AA+ « avec perspective négative », c’est-à-dire avec l’éventualité d’une nouvelle dégradation de sa note en 2012 ou 2013. Les conséquences de cette perte du triple A se répercuteront en cascade à tous les niveaux et La Réunion ne sera pas épargnée. L’abaissement de la note de l'Etat se traduira en effet par une dégradation des notes des Conseils Régionaux mais aussi par un abaissement de la note des organismes financeurs des politiques publiques tels que la Banque Postale et la Caisse des Dépôts et Consignations. Concrètement, les collectivités territoriales auront de plus en plus de difficultés à emprunter pour réaliser de grands travaux et la Caisse des Dépôts et Consignation qui doit aussi piloter le démantèlement de DEXIA en faillite depuis octobre 2011 et renflouer l’assureur Groupama, aura désormais beaucoup de mal à jouer son rôle traditionnel de financeur. Si l’on ajoute les menaces pesant sur le système bancaire français actuellement sous la surveillance des agences de notation, on comprend que dans ces conditions, les affirmations souvent réitérées de Didier Robert selon lesquelles le coût de la Nouvelle Route du Littoral ne dépassera pas l’enveloppe de 1,6 milliards d’euros prévue par les Accords de Matignon, apparaissent aujourd’hui peu crédibles.
C’est bien le projet dans son ensemble qui est remis en question. Le Président du Conseil Régional, actuellement surtout préoccupé de prendre la Présidence du Conseil de Surveillance d’Air Austral, le reconnaîtra-t-il enfin ?